Il arrive qu’un employé souhaitant se faire licencier prenne la décision de recourir à l’abandon de poste plutôt qu’à la démission. On peut dire qu’il s’agit là d’une méthode très risquée, puisque les conséquences de l’abandon de poste peuvent s’avérer très lourdes et ne pas mener au simple licenciement souhaité.
Quand parle-t-on d’abandon de poste ?
Pour que l’abandon de poste soit effectif, il faut qu’un employé refuse de se présenter à son lieu de travail durant 3 ou 4 jours. S’absenter une fois en passant ou ne pas travailler pour cause de maladie ne peut en aucun cas être qualifié d’abandon de poste. Il existe bien d’autres situations où l’employeur pourra demander des justifications ou avertir le travailleur absentéiste, mais tous les cas d’absences répétées ne constituent pas un abandon de poste pour autant.
La première réaction officielle de l’employeur sera d’envoyer une lettre de mise en demeure, et d’en renouveler l’envoi si aucune réponse n’est reçue de la part de l’employé absent. Étant confronté à un silence total de la part de ce dernier, il est fréquent que le chef d’entreprise prenne la décision de licencier.
Les risques en cas d’abandon de poste
Les risques sont nombreux lorsqu’on décide volontairement de ne plus aller travailler en espérant se faire licencier. En effet, si l’employeur considère que l’abandon de poste est abusif, donc provoqué sciemment pour obtenir un licenciement, il peut décider d’y réagir autrement que par un licenciement.
Le chef d’entreprise peut ainsi recourir à un congé non payé comme solution pour déjouer le plan de son employé. Le travailleur se retrouve ainsi sans indemnité de congé, sans salaire, mais aussi sans possibilité de s’attacher à un autre emploi, puisqu’il est toujours considéré comme étant un salarié.
Pour un salarié en CDI, le salaire peut donc être suspendu en toute légalité puisque le travail censé être effectué ne l’est plus. En présence d’une telle situation, il vaut mieux pour le salarié d’être rapidement licencié, car sans cela, il n’aura pas même la possibilité de s’inscrire à Pôle Emploi, puisque son contrat n’est pas rompu et qu’il ne peut recevoir d’attestation de travail.
L’employeur peut finalement décider de licencier pour cause de faute grave. Et dans ce cas également, il n’y aura aucune rémunération obtenue par le travailleur considéré comme étant fraudeur.
Il existe des cas où l’employeur peut aussi réclamer des dommages et intérêts, en estimant que l’absence de l’employé a nui à son activité économique. Bien qu’une telle situation soit plus rare, elle peut se déclarer en présence d’entreprises faisant face à des problèmes financiers et pour lesquels l’abandon de poste a des conséquences très lourdes. Si l’employé occupe un poste clé ou s’il a décidé de rejoindre une entreprise concurrente, cela constitue autant de facteurs aggravants pouvant donner gain de cause à l’entreprise plaignante.
Les conséquences négatives d’un abandon de poste dans le but de se faire licencier sont donc très graves pour l’employé. Si les prochains employeurs potentiels apprennent les motifs du licenciement d’un travailleur pour cause d’abandon de poste, il y aurait de forts risques qu’ils ne souhaitent pas le recruter. Certaines difficultés pourraient également intervenir au niveau de Pôle emploi et retarder le versement des allocations de chômage. Il existe donc énormément de risques qui rendent inefficiente la pratique d’abandon de poste.